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Jeux de mots et de mains

8 février 2012

Le trône de fer - Intégrale 2 (1999)

 

51qiGdGWuaL4ème de couverture : "Le Royaume des sept couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer. Tous les coups sont permis, et seuls les plus forts, ou les plus retors, s'en sortiront indemnes... "


Si vous n'avez pas lu (ou vu) le premier tome, mieux vaut passer votre chemin... Sinon, vous risquez de découvrir des éléments clés de l'intrigue.

 

Résumé : Comme l'indique très bien le titre de la VO (A clash of Kings), ce second tome de l'intégrale de la saga de GRR Martin est avant tout une histoire de guerre de succession.

Après la mort du roi Robert Baratheon et l'accession du prince Joffrey au trône de fer, un vent de rébellion souffle sur le royaume des 7 couronnes et l'autorité de Joffrey est très largement contestée.

Au nord, Robb Stark a été nommé roi par ses clans alliés. Le jeune homme est bien décidé à marcher sur Port Réal et, malgré son jeune âge, devient un chef de guerre reconnu pour sa bravoure et enchaîne les victoires militaires. Sa mère, Catelyn Stark tente de son côté de retrouver ses filles Sansa et Arya dont elle est sans nouvelle depuis l'exécution de leur père. Leurs situations ne sont pas très enviables : Sansa est retenue quasi prisonnière à Port réal et subit les continuelles brimades et vexations que lui inflige Joffrey. Elle a enfin ouvert les yeux sur la personnalité de son jeune fiancé et sa nature cruelle et colérique n'est pas de bon augure pour l'avenir de la jeune fille. Arya, quant à elle, a réussi à quitter Port réal grâce à Jojen, l'un des gardes de la nuit, et chemine vers le mur du Nord. Mais son voyage est semé d'embuches du fait de la guerre civile qui fait rage. Elle croise la route de criminels, de pilleurs, et n'en réchappe que grâce à la fureur et au désir de vengeance qui l'animent.

Le royaume des 7 couronnes est en effet à feu et à sang : outre Robb Stark, deux autres prétendants au trône de fer se sont manifestés : Stannis et Renly Baratheon, les deux frères du roi Robert, qui vont mener une lutte fratricide, dont l'issue est marquée par la magie de Mélisandre d'Asshaï, la sorcière rouge.Tyrion Lannister, quant à lui, est nommé main du roi et doit montrer ses talents politiques et tactiques pour gouverner malgré l'hostilité de sa soeur Cersei et surtout protéger Port réal des attaques des frères Baratheon.

De l'autre côté de la mer d'Eté, Danaerys Targaryen, qui désormais ne peut plus compter sur la puissance de Drogo, suscite la convoitise de ceux qui croisent sa route et celle de ses 3 dragons et traverse de dures épreuves.

Quant à Jon Snow, la vie dans la garde du nord prend un tour inattendu lorsqu'il est envoyé de l'autre côté du mur, d'où l'hiver approche de plus en plus...

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Mes impressions : Ce tome reprend exactement là où s'est arrêté le précédent et le lecteur retrouve les mêmes personnages principaux, plus quelques nouveaux venus qui vont jouer un rôle non négligeable (Théon Greyjoy, Stannis Barathéon et Mélisandre d'Asshaï, Brienne de Torth...). De même la structure narrative est inchangée, chaque chapitre étant vu à travers les yeux d'un protagoniste différent.

Mon enthousiasme à la fin du premier tome n'a donc pas faibli. L'intrigue est toujours aussi passionnante et aux intrigues de cour s'ajoutent des scènes de bataille épiques, telle la bataille sur la Néra aux portes de Port réal. Les rebondissements se succèdent et j'ai plusieurs fois été surprise par les orientations prises par l'auteur (le sort réservé à Winterfell et aux très jeunes Brandon et Rickon m'a soufflé, tout comme l'exécution du preux et juste Ned Stark m'avait laissée sans voix dans le premier opus).

L'action avance toujours à un rythme effrené. Les sentiments s'exaltent et certains personnages gagnent en dimension et en profondeur. Admirateurs de Tyrion, réjouissez vous car le nain Lannister est plus intéressant que jamais ! De même Catelyn Stak devient véritablement héroïque, partagée entre le regret de voir son fils s'éloigner d'elle, la fureur de venger la mort de son mari, l'angoisse concernant le sort de ses filles et la nécessité de jouer un rôle diplomatique pour assurer des soutiens à son fils. Même Jaime Lannister, dans sa captivité, montre un visage plus nuancé et bien moins manichéen que celui du simple régicide incestueux et défenestreur d'enfant. GRR Martin réussit d'ailleurs un vrai travail d'orphèvre en dressant une telle multitude de portrait si différent, si réaliste et si nuancé. Il est en effet très difficile de détester l'un ou l'autre des protagonistes, chacun détenant sa vérité et ses motivations.

Par ailleurs, le fantastique se fait plus présent, qu'il s'agisse des dragons de Daenerys, des contes et légendes des sauvageons de l'autre côté du mur ou des étranges pouvoirs des serviteurs du maître de la Lumière.

Bref, un excellent roman dont les 900 pages se lisent avec facilité.

Sur ce, le tome 3 m'attend !

 

Titre original : A song of fire and ice, A clash ok Kings
Editions : J'ai lu 2010
960 pages

 

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29 janvier 2012

Les vaches de Staline, de Sofi OKSANEN (2003)

Les_vaches_de_stalineDurant les années 1970, Katariina fait la rencontre d'un Finlandais venu travailler en Estonie. Ils se marient, donnent naissance à Anna, la narratrice, et s'installent en Finlande. Katariina met tout en oeuvre pour s'intégrer au mieux à son nouveau pays et pour masquer son origine estonienne, allant même jusqu'à interdire à sa fille de parler sa langue maternelle. Pourtant, la mère et sa fille retournent régulièrement au pays, rendre visite à la famille restée sur place. Et la petite Anna grandit entre ses deux pays, plus tout à fait estonienne, pas complètement finlandaise. Au fil des années, elle développe un complexe d'anorexie-boulimie.

 

Autant être honnête, je n'ai pas aimé du tout ce roman, et tous les ingrédients qui m'avaient fait apprécié Purge (aller-retour dans le temps et l'espace entre l'Estonie et la Finlande; mélange entre soubresauts de l'histoire estonienne et destinée de la famille de la protagoniste...) m'ont ici fortement agacée.

Peut être l'impression de déjà vu ? Ou la complexité du puzzle spacio temporel mis en place par Sofi Oksanen, qui a fait que j'étais souvent perdue entre les personnages, les lieux et les époques ? Ou les personnages auxquels je n'ai pas réussi à m'intéresser (quant à m'attacher, n'en parlons même pas...) ? Ou peut être la crudité gratuite de certains passages, notamment ceux qui concernent les phases de boulimie d'Anna ?

Au final, déception, déception...

 

Editions Stock / La cosmopolite (septembre 2011)
528 pages
traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

22 janvier 2012

Le chuchoteur, de Donato Carrisi (2010)


le_chuchoteurRésumé

L’équipe du criminologue Goran Gavila est appelée par les forces de police qui viennent de faire une découverte macabre : le bras gauche de 5 enfants a été déterré dans les bois. Les policiers font immédiatement le lien avec la disparition récente, et non encore élucidée, de 5 petites filles. Mais l’affaire prend une tournure très différente lorsqu’ils trouvent un sixième bras, et que le médecin légiste conclut que, à la différence des 5 premières victimes, la 6ème est sans doute encore vivante.

A l’autre bout du pays, l’inspecteur Mila Vasquez est sur les traces d’un kidnappeur d’enfants et réussit à sauver in extremis ses deux victimes. Experte en affaires d’enlèvement, elle est appelée en renfort par l’équipe de Gavila, afin de retrouver la 6ème fillette. Deux enquêtes vont donc s’entremêler : la traque du tueur en série surnommé Albert par l’équipe de Gavila, et la recherche de la 6ème fillette par Mila.

L’enquête avance mais Gavila est perplexe : aucun des suspects ne correspond au profil d’Albert, chaque avancée dans l’enquête met en lumière d’autres crimes sans lien apparent avec le meurtre des fillettes et l’équipe découvre qu’elle est en fait manipulée par Albert qui joue avec les peurs de ses membres, leurs failles et leurs doutes…

 

Mes impressions

Excellent thriller !

Les protagonistes sont fascinants, à commencer par Mila et Goran. Au premier abord, ils sont présentés comme des personnages très différents. Mila l’écorchée vive, ébranlée par les horreurs dont elle a été le témoin, qui met un point d’honneur à sauver coute que coute chaque victime et qui n’hésite pas à marquer dans sa chair ses échecs, mêle force physique et résolution, mais agit parfois avec inconscience et semble quand même assez fragile psychologiquement ("Elle avait appris à se créer une « bulle de survie », une portion d'espace ou ne pouvait entrer que ce qu'elle décidait, y compris les bruits et les sons, ainsi que les commentaires de ceux avec qui elle gardait ses distances"). Goran, quant à lui, est davantage la tête pensante de l’équipe, le roc, le mentor sur qui les membres de l’équipe s’appuient. Mais une relation faite de respect et d’une certaine complicité va se nouer entre eux et révéler leurs très nombreux points communs. Ils marchent perpétuellement sur une corde raide, et c’est à se demander lequel des deux la franchira le premier. Ma surprise a été grande lorsque les masques sont finalement tombés et que leurs vraies natures ont été révélées.

L’enquête en elle-même est pleine de suspens et rebondissements : « Albert » a dressé un jeu de piste macabre qui fait passer l’équipe de Goran du rôle de chasseur à celui de proie, et même les esprits les plus brillants sont bien en peine pour dénouer la pelote emmêlée qui les mènera jusqu’à la 6ème victime. Et les choses se compliquent encore lorsque les enquêteurs réalisent que l’un(e) d’entre eux n’est pas tout à fait innocent… Bref, l’intrigue est un peu alambiquée mais reste crédible. Et la résolution finale est une vraie surprise !

Pour finir, je ne dirai qu’une chose : lisez-le à votre tour ! 

 

"L'instinct de tuer est en chacun de nous. Mais grâce au ciel, nous sommes aussi dotés d'un dispositif qui nous permet de le garder sous contrôle, de l'inhiber. Cependant, il existe toujours un point de rupture."

"Mila pensait que chacun de nous a un chemin. Un chemin qui nous mène chez nous, vers nos proches, les gens à qui nous sommes les plus liés. D’habitude, c’est toujours le même chemin, on l’apprend dès l’enfance et on le suit pour la vie. Mais il arrive que ce chemin se brise, qu’il reprenne ailleurs. Ou bien, après avoir suivi un parcours sinueux, il revient au point de rupture. Ou encore, il reste comme suspendu.
Mais parfois il se perd dans l’obscurité.
Mila savait que plus de la moitié des gens qui disparaissent reviennent et racontent une histoire. Certains n’ont rien à raconter, ils reprennent leur vie d’avant. D’autres ont moins de chance, il ne reste d’eux qu’un corps muet. Et puis, il y a ceux dont on ne saura jamais rien.
Parmi ceux-là, il y a toujours un enfant."

440 pages
Editeur : Calmann-Lévy (5 mai 2010)

15 janvier 2012

La guerre des mondes, de HG Wells (1898)

 

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Résumé : Des scientifiques observent avec enthousiasme divers phénomènes sur la planète Mars. Quelques jours plus tard, une pluie de ce que l'on prend d'abord pour des météorites s'écrase sur Terre et les habitants découvrent rapidement qu'il s'agit en fait de cylindres abritant des martiens. L'enthousiasme emporte les scientifiques qui rèvent de communication avec les extra-terrestres, mais leur espoir est rapidement déçu. Les martiens sont en fait des être belliqueux, près à tout pour conquérir la Terre et qui, à l'aide d'un "rayon ardent", entreprennent de brûler et d'exterminer les humains. La guerre des mondes commence...

Mes impressions : Ce roman fait figure de précurseur des romans de science-fiction mais, au-dela de la simple science fiction, on peut y lire les atermoiements d'une époque. L'ère industrielle est à son apogée, la recherche et les découvertes scientifiques se multiplient, ce qui laisse bien peu de place à l'homme, écrasé par les machines. De plus, les grandes nations européennes multiplient les conquêtes en Asie et en Afrique. Elles instaurent une colonialisation qui va durer des décennies tout en tentant d'étouffer la rébellion des autochtones peu désireux de se laisser dominer et exploiter.

J'avoue que c'est surtout l'évocation de ce contexte historique qui m'a plu dans le roman. La narration et l'enchainement de chapitres courts et plutôt redondants m'ont quant à eux globalement laissée de marbre. Je dirais donc que cette lecture n'a été ni un plaisir, ni un déplaisir, et me laisse une impression neutre.

4ème de couverture : «Je voyais maintenant que c'étaient les créatures les moins terrestres qu'il soit possible de concevoir. Ils étaient formés d'un grand corps rond, ou plutôt d'une grande tête ronde d'environ quatre pieds de diamètre et pourvue d'une figure. Cette face n'avait pas de narines - à vrai dire les Martiens ne semblent pas avoir été doués d'un odorat - mais possédait deux grands yeux sombres, au-dessous desquels se trouvait immédiatement une sorte de bec cartilagineux. [...] En groupe autour de la bouche, seize tentacules minces, presque des lanières, étaient disposés en deux faisceaux de huit chacun. Depuis lors, avec assez de justesse, le professeur Stowes, le distingué anatomiste, a nommé ces deux faisceaux des mains.»

 

Ce roman fait partie des challenges:

"Un mot, des titres"

Un_mot_des_titres

God save the livre

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et Chefs d'oeuvre de la SFF (3 d'un coup, yeh !)

RandMoorcock

31 décembre 2011

Les piliers de la Terre, de Ken FOLLETT (1989)

 Après avoir vainement tenté de résumer ce roman, je renonce et préfère faire un copier coller de la 4ème de couv' (moi, feignasse? jamais).

"Dans l'Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes."

Pour ma défense, il faut bien avouer que ce n'est pas très évident de résumer un roman de plus de 1100 pages, qui se déroule sur une période de plus de 40 ans, nous fait arpenter l'Europe de la campagne anglaise à Saint Denis, en passant par les chemins de Saint Jacques de Compostelle et l'Andalousie, sur la trace des maîtres bâtisseurs.

En substance, alors qu'une guerre de succession fait rage en Angleterre, nous suivons les pérégrinations de Tom Builder qui, depuis qu'il a perdu son emploi de maître bâtisseur, en est réduit à arpenter les routes, accompagné de sa famille. L'hiver fait rage, les routes sont peu sures, la nourriture manque et la femme de Tom meurt en mettant leur fils au monde. Fils que Tom n'a d'autre choix que d'abandonner en pleine forêt. Par chance, l'enfant est recueilli par un moine et Tom fait la connaissance d'Ellen, belle sauvageonne mystérieuse et son fils Jack, enfant à la fois renfermé et étrangement doué. Les deux familles vont s'unir et se soutenir l'une l'autre (si l'on excèpte la rivalité perpétuelle entre Jack et Alfred, le fils de Tom). Leur périple les mène finalement jusqu'au prieuré de Kingsbridge où, miraculeusement, Tom trouve un emploi de bâtisseur de cathédrale, qui leur permet de subsister quelques temps. Ils y font la connaissance du prieur Philipp, qui va jouer un rôle fondamental dans le roman. En parallèle, la belle Aliena voit sa vie dorée voler en éclat: son père est accusé de félonie, elle est spoliée de son château, pourchassée par le vil William Hamleigh (dont elle a eu la "mauvaise idée" de repousser les avances et qui va passer les 40 années suivantes à le lui faire chèrement payer) et se jure de venger son père. Sa route va croiser celle de la famille de Tom.

 

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Bref, je ne dirais qu'une chose : ce n'est pas pour rien que ce roman est un best seller qui a fait le tour du monde et enchanté des millions de lecteur ! J'admets que la notion de best seller n'est pas toujours un gage de qualité, loin s'en faut, mais à mon humble avis, Les piliers de la terre mérite amplement son succès. En tout cas, j'ai adoré le style simple de Follett qui permet d'enchainer les 1100 pages en un rien de temps. Mais j'ai surtout été happée par la richesse de l'intrigue, les très nombreuses péripéties, l'évocation d'une Angleterre moyenâgeuse à la fois très dure (entre misère, disette, pillages et viols) et porteuse d'un immense espoir dans la noblesse des hommes et, il faut bien l'avouer, par le portrait de vrais héros du quotidien (Tom Builder, Jack Shareburg, je vous aime ! !).

J'arrête là ces critiques dithyrambiques (mais méritées) pour aller écrire un avis nettement moins élogieux (pour rester polie) sur Les vaches de Staline et L'homme invisible.

 

Editions Le livre de poche (janvier 1992)
1150 pages

Ce roman fait partie des challenges 26 livres 26 auteurs 2011 et God save the livre.

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29 décembre 2011

Le liseur, de Bernhard Schlink (1996)

4ème de couverture

A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ? "

 

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Mes impressions

J'ai choisi ce livre, qui trainait sur une étagère de la médiathèque locale, un peu par hasard. J'avais vaguement entendu parler du film qui en est tiré, mais je n'avais pas spécialement prévu de le voir, et encore moins de lire le roman.

Grossière erreur de ma part (comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses). Dès que j'ai ouvert ce livre, je n'ai pas réussi à le refermer avant d'être arrivée à la fin. Et il m'a fait l'effet d'une vraie giffle !

Au delà de la sensible et tragique histoire d'amour entre le narrateur et Hanna, il aborde avec nuance et sensibilité des sujets forts et dérangeants, sans jamais juger aucun des protagonistes, et sans jamais trancher entre le bien et le mal : les déchirements de toute une génération de jeunes Allemands englués dans le poids de la culpabilité collective; la responsabilie et/ou l'impuissance de leurs aînés qui, comme Hanna, demandent fort justement «Qu'est-ce que vous auriez fait ?»; le devoir de mémoire; l'instruction et la culture qui libèrent...

Désormais, il ne me reste plus qu'à regarder le film, en espèrant qu'il m'interpellera autant que le livre...

 

Extraits

"Lecture, douche, faire l’amour et rester encore un moment étendus ensemble, tel était le rituel de nos rendez-vous. C’était une auditrice attentive."

"Elle aurait voulu savoir ce que, dans sa situation, elle aurait dû faire, et non s’entendre dire qu’il y a des choses qu’on ne fait pas."

 

Edition Folio (février 1999)
249 pages

20 novembre 2011

Le Décalogue V : Le Vengeur, par Giroud et Rocco

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Ce tome du Décalogue s'ouvre sur le commandement : "Tu pardonneras à tes ennemis"

Résumé : 1915, Arménie turque. Le jeune Missak Zakarian assiste au massacre de sa famille arménienne par les turcs et parvient miraculeusement à échapper au génocide, emportant avec lui comme seul souvenir de sa famille un livre d'une grande valeur, "Nahik".
1922, Berlin. Missak adhère au Service de la dette, qui traque et exécute les anciens bourreaux turcs réfugiés en Europe. Missak est chargé de retrouver Selim Gunmei. Pour cela, il n'a que deux atouts : Nahik pour appâter le bibliophile Gunmei et Ayla, la fille de ce dernier. Mais Missak tombe amoureux de la jeune fille et rien ne se passe comme prévu...

Mes impressions : Comme le tome précédent, Le Serment est avant tout une histoire de vengeance. Mais à la différence de Milena qui ne doute pas un instant, Missak quant à lui est partagé entre son devoir de mémoire et son amour pour Ayla. Son désir de vengeance sera finalement le plus fort...

19 novembre 2011

Quelques heures de beauté et de grace dans un monde de brutes...

Je ne résiste pas au plaisir de partager quelques images de ma soirée : Tchaikovski, un cygne noir et un cygne blanc, de la grâce, de la légèreté... Un pur moment de bonheur !


Pour info, je ne suis pas allée jusqu'à Paris mais le Saint Petersbourg Ballet Theater a bien voulu faire un passage au Zénith local...

 

 

14 novembre 2011

Une affaire conjugale, de Eliette Abécassis (2010)

Résumé

Après 10 ans de mariage et 2 enfants, Agathe Portal découvre par hasard que son mari Jérome la trompe sans vergogne. Elle décide de mener une enquête au cours de laquelle elle réalise qu'elle connaît bien mal Jérome et que celui-ci ne l'aime pas vraiment. Après moultes hésitations, elle décide de le quitter et entame une procédure de divorce. Elle sera longue, haineuse et douloureuse, et n'épargnera personne, ni le "couple", ni les enfants, ni leurs proches.

 

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Mes impressions

Les adjectifs qui me viennent à l'esprit lorsque je pense à ce livre sont : pesant, profondément déprimant, caricatural. Le propos du roman n'est pas particulièrement réjouissant (en substance : on ne connaît vraiment son conjoint que dans le divorce) mais le style et le parti pris d'Eliette Abécassis n'arrangent rien. Le style est assez lourd, avec beaucoup de redondances et des explications sans fin qui alourdissent la lecture (qui ignore encore ce qu'est Facebook ?) De plus, l'auteur présente des personnages très manichéens: Jérome est un pervers narcissique et manipulateur sans nuance, les enfants ne sont vus qu'à travers les déchirements de leurs parents, Agathe est tellement dépeinte comme une pauvre victime innocente qu'elle en devient parfois agaçante. Enfin, certaines prises de position de l'auteur m'ont heurté, et notamment sa conviction que seule une mère est apte à élever ses enfants ou que la technologie est le tombeau du mariage.

Pourtant, un certain nombre d'éléments a éveillé mon intérêt : j'ai trouvé que l'analogie entre divorce et PME était bien illustrée par la myriade de professionnels qui gravitent autour de Jérôme et Agathe (les avocats, juges, psychologues, comptables, détectives privés...), j'ai été touchée par la détresse d'Agathe losqu'elle réalise que certains de ses proches prennent le parti de son mari, j'ai apprécié sa supercherie lorsqu'elle utilise Facebook pour apprendre à mieux connaître Jérome.

Mais malgré ces points positifs, ce roman reste une déception pour moi.

 

Extrait

"Pour bien faire, il faudrait commencer par divorcer. Et se marier ensuite. On ne connaît pas un homme dans le mariage. On ne connaît pas son conjoint lorsqu’on lui fait l’amour. On ne le connaît pas non plus lorsqu’on lui fait un enfant. Tout cela nous égare vers des chemins qui ne sont pas ceux de la connaissance mais ceux de la vie. Non. La seule façon de connaître vraiment son conjoint, c’est le divorce. Là, on prend la pleine mesure de sa qualité humaine, morale, psychologique. On a accès à l’essence. Avant, je croyais connaître mon mari. Je pensais qu’il était la personne la plus proche de moi. J’étais sûre qu’il m’aimait. Que nous avions construit ensemble une maison, un foyer, une famille. J’ignorais que je ne voyais que la partie non immergée de l’iceberg. Je n’ai découvert la vérité sur lui que pendant l’année du divorce, année durant laquelle j’en ai appris beaucoup plus à son sujet qu’au cours des dix ans de vie commune."


Éditions Albin Michel (août 2010)
336 pages

17 octobre 2011

La mère, de Maxime GORKI (1907)

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Le roman se déroule en Russie, après la révolution de 1905.

Il a pour personnage central Pélagie Vlassov. C'est une simple ouvrière qui a vécu de longues années difficiles, entre la dureté du travail à l'usine métallurgique et la tyrannie qu'exerce son mari Mikhaïl Vlassov. A la mort de celui-ci, sa vie prend un nouveau tournant : elle découvre que son fils chéri, Paul, a embrassé les idéaux socialistes et adhéré à un groupe de militants révolutionnaires. Quoi qu'effrayée des dangers qu'il encourt, elle se prend peu à peu d'affection pour les membres de son groupe. A leur contact, la femme simple, soumise à l'autorité de son mari et de la société, vivant dans la crainte et l'obscurantisme, va considérablement évoluer. Elle prend conscience que les injustices du système capitaliste ne sont pas une fatalité, elle devient une figure emblématique (la mère de tous les opprimés) et, lorsque Paul est emprisonné pour agitation sociale, va jusqu'à prendre part activement à l'action révolutionnaire.

 

Mes impressions

Gorki signe avec La mère un roman très fort, qui a eu une forte résonance dans les mouvements socialistes du début du 20ème siècle et qui a souvent été utilisé par le parti communiste russe à des fins de propagande. Au delà du simple portrait d'une femme qui gagne son émancipation et sa dignité à travers la lutte révolutionnaire, c'est un portrait sans concession des prémisses du système capitaliste, d'un monde ouvrier exploité, abruti de travail et ravalé au rang de main d'oeuvre corvéable à merci.

 Extraits

"Tous les jours, dans l’atmosphère enfumée et grave du faubourg ouvrier, la sirène de la fabrique jetait son cri strident. Alors, des gens maussades, aux muscles encore las, sortaient rapidement des petites maisons grises et couraient comme des blattes effrayées. Dans le froid demi-jour, ils s’en allaient par la rue étroite vers les hautes murailles de la fabrique qui les attendait avec certitude et dont les innombrables yeux carrés, jaunes et visqueux, éclairaient la chaussée boueuse. La fange claquait sous les pieds. Des voix endormies résonnaient en rauques exclamations, des injures déchiraient l’air ; et une onde de bruits sourds accueillait les ouvriers : le lourd tapage des machines, le grognement de la vapeur. Sombres et rébarbatives comme des sentinelles, les hautes cheminées noires se profilaient au-dessus du faubourg, pareilles à de grosses cannes.

[...] La fabrique engloutissait la journée, les machines suçaient dans les muscles des hommes toutes les forces dont elles avaient besoin. La journée était rayée de la vie sans laisser de traces ; sans s’en apercevoir, l’homme avait fait un pas de plus vers sa tombe ; mais il pouvait se livrer à la jouissance du repos, aux plaisirs du cabaret sordide, et il était satisfait."

Une version électronique complète du roman est en ligne ici.

 

Editions Le temps des cerises (novembre 2001)
354 pages

Ce roman fait partie du challenge Une année en Russie.

 

 

3 octobre 2011

Purge, de Sofi Oksanen (2008)

Résumé

Un petit village d'Estonie, 1992,
Le même village, 50 ans plus tôt,

Le  communisme vient de  s'effondrer, l'Estonie redevient un pays libre et indépendant, et la vieille Aliide vit terrée dans sa maison, en butte à l'hostilité de ses voisins. Un matin, elle trouve dans son jardin une jeune femme évanouie. Elle est en guenilles, sale et s'appelle Zara. Elle est russe mais parle l'estonien d'autrefois, elle semble fuir un homme qui la terrorise et cacher un secret. Aliide, d'abord très méfiante, va la recueillir, apprendre à la connaitre et finalement lui apporter son aide.

Leur rencontre va éveiller en Aliide des souvenirs douloureux, qui la ramènent 50 ans en arrière, alors qu'elle n'était une jeune fille ordinaire et amoureuse du beau Hans, avant que la guerre et l'invasion soviétique ne viennent bouleverser sa vie...

 

Purge

Editions Stock (La Cosmopolite)
septembre 2010
398 pages
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

 

Mes impressions

Alors que sort en librairie le dernier opus de la Finlandaise (Les vaches de Staline), je me décide enfin à lire le roman retentissant qu'elle a publié l'an dernier. J'ai juste une rentrée littéraire de retard, mais mieux vaut tard que jamais...

Ma première impression sur ce livre n'a pas été très bonne : les 50 premières pages sont plutôt laborieuses et il ne se passe pour ainsi dire rien (si ce n'est Aliide qui tourne en rond chez elle), le traitement de la première rencontre entre la vieille femme et Zara m'a laissée dubitative et j'ai trouvé le style de l'auteur assez plat, voire déplaisant. Autant dire que je me suis demandé ce qui pouvait expliquer la déferlante de commentaires hyper élogieux que j'avais lus dans la presse.

Mais heureusement, mon intérêt s'est rapidement éveillé quand Sofi Oksanen a plongé dans les souvenirs d'Aliide, entraîné le lecteur  dans le XXème siècle estonien, déchiré entre nazisme, nationalisme et communisme, et décortiqué avec réalisme les pires instincts de l'homme. L'histoire d'Aliide est atroce, tissée d'ambiguités : à la fois pleine de cruautés plus ou moins volontaires et d'amour, de trahison mais également d'abnégation, de noirceur et de pureté, d'une peur grandissante et omniprésente... Mais il est difficile de la haïr car sa vie incarne les dilemnes auxquels ont été confrontés tant de gens ordinaires face aux violences du totalitarisme : comment surmonter les pires violences sans perdre son humanité ? Est il possible de survivre sans collaborer?

Au final, je ne regrette pas d'être allée jusqu'au bout de cette lecture poignante, même si elle fut très éprouvante et m'a mise plusieurs fois très mal à l'aise.

 

"Dans la rue, elle reconnaissait les femmes dont elle flairait qu'il leur était arrivé le même genre de choses. A chaque main tremblante, elle devinait : elle aussi. A chaque sursaut que provoquait le cri d'un soldat russe, ou à chaque tressaillement causé par le bruit des bottes. Celle-là aussi? Toutes celles qui ne pouvaient pas s'empêcher de changer de trottoir dès qu'elles croisaient des miliciens ou des soldats. Toutes celles dont on apercevait, à la taille de leur blouse, qu'elles portaient plusieurs paires de culottes. Toutes celles qui n'étaient pas capables de regarder droit dans les yeux. Avaient-ils dit la même chose à celle-là, lui avaient-ils dit : 'Chaque fois que tu iras au lit avec ton mari, tu te souviendras de moi?"

"Si elle recevait, en se mariant avec Martin, une sorte de sécurité, il y avait une autre chose importante qu’elle obtenait par le mariage. Elle devenait tout à fait comme n’importe quelle femme, ordinaire. Les femmes ordinaires se mariaient et faisaient des enfants. Elle en était devenu une."

25 septembre 2011

Le dernier roi d'Angkor, de Jean-Luc COATALEM (2010)

 

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Résumé

Lucas, journaliste parisien quadragénaire, est en pleine crise personnelle (sa compagne vient de le quitter) et tente de reconstruire sa vie, de faire table rase du passé. Pourtant, après avoir retrouvé par hasard un vieil album de photos, il est submergé dans les souvenirs de son enfance : ses grands-parents; son père banquier raté à l'âme d'artiste; les aventures indochinoises de ses oncles... Et surtout : Louis Noël, dit Bouk, le jeune orphelin cambodgien qui venait passer les week-end dans la maison familiale de Viroflay, ce jeune garçon mystérieux (prince déchu ou parent caché ?) qui le fascinait tant mais qui, trente ans plus tôt, a disparu sans laisser de trace.

L'image de Bouk, l'incarnation de l'enfance, du mystère et de l'aventure, devient une obsession pour Lucas. Partagé entre la culpabilité de n’avoir pas mieux compris Bouk lorsqu’ils étaient enfants, et l’espoir d’enfin lever le voile sur les mystères de son enfance, il se lance à sa recherche. Sa quête l'entraîne dans un voyage à travers le temps et l'espace, jusqu'aux grandioses ruines d'Angkor.

Mes impressions

Ce livre a été un grand coup de cœur !

J’ai beaucoup aimé la mélancolie et la poésie qui se dégagent de ce roman; l’introspection intimiste de Lucas pour qui la quête de Bouk est bien plus que la seule recherche d’un ami disparu mais devient une réflexion sur l’histoire de sa famille, le remède qui lui permet de panser les blessures du passé et de se tourner enfin vers l’avenir.

Mais cette ode à l’enfance et à sa magie est également un formidable récit de voyage et de littérature : dans sa quête, l’auteur nous entraine notamment en Inde et en Belgique. Et dresse d’astucieux parallèles entre la relation Bouk – Lucas et celles d’une part de Kippling et de son héros Kim et, d’autre part, de Hergé et de son ami Tchang, le petit chinois des aventures de Tintin au Tibet.

Mais le voyage qui m’a le plus transportée est sans aucun doute celui de Lucas au Cambodge. Comme vous avez pu le voir ici ou , je suis fascinée par ce pays, et plus particulièrement par la région d’Angkor. Et la lecture du dernier tiers du roman, à la fois réaliste et pleine de poésie, m’a transportée à Angkor, parmi ses temples monumentaux et ses bas-reliefs pleins de mystères, ses légendes, sa végétation plus que luxuriante en saison de pluie et ses senteurs !

A noter : ce roman est en grande partie autobiographique, comme l'explique Jean-Luc Coatalem dans un entretien (lien) accordé au Télégramme en avril 2011.

 

Editions Grasset (mai 2010)
304 pages


Ce roman fait partie du challenge 26 livres 26 auteurs 2011.

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17 septembre 2011

Le trône de fer, Intégrale 1, de GRR Martin (1996)

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4ème de couverture

"Après avoir tué le monarque dément Aerys II Targaryen, Robert Baratheon est devenu le nouveau souverain du royaume des Sept Couronnes. Tandis qu'en son domaine de Winterfell, son fidèle ami le Duc Edward Stark rend paisiblement la justice. Mais un jour, le roi Robert lui rend visite, porteur de sombres nouvelles : le trône est en péril. Stark, qui s'est toujours tenu éloigné des affaires du pouvoir, doit alors abandonner les terres du Nord pour rejoindre la cour et ses intrigues. L'heure est grave, d'autant qu'au-delà du mur qui protège le royaume depuis des siècles, d'étranges créatures rôdent..."

 

Mes impressions

Coup de coeur ultime ! J'ai littéralement dévoré ce livre ! A tel point qu'à peine terminé, je courais acheter le tome 2 (billet à venir) et le tome 3.

Les premiers chapitres sont majoritairement des chapitres d'exposition, qui permettent de poser le contexte et de présenter les très nombreux protagonistes, mais, dès le départ de Lord Stark pour Port Réal, les évènements s'accélèrent et l'intrigue se déploie. A la cour, les luttes pour le pouvoir, les complots, les méfiances, les trahisons naissent rapidement et l'intrigue devient très riche. Du côté du mur du Nord, des évènements surnaturels ont lieu et laissent présager que la suite des aventures de Jon Snow sera empreinte de fantastique. Il en est de même de l'autre côté de la mer, parmi les cavaliers dothraki.

La complexité de l'intrigue est d'autant plus accentuée par le parti pris de Martin de faire narrer chaque scène par un personnage différent. Cette technique, par la variété de tons et de styles qu'elle apporte (Tyrion Lannister et Sansa par exemple n'ont pas vraiment le même langage et la même vision du monde), permet de moduler le rythme de la narration et de constamment maintenir l'intérêt du lecteur. Mais attention, complexité de l'intrigue n'implique pas forcément lecture difficile : la fluidité de l'écriture permet une lecture aisée. 

La seconde force de ce roman est la diversité des personnages et l'ambivalence de leur personnalité. Chacun d'entre eux est absolument fascinant qu'il s'agisse de Lord Eddard Stark, le seigneur avec un grand S, la droiture et l'honneur incarnés (mais l'honneur et la droiture sont ils suffisants pour gagner et conserver le pouvoir?) ; Daenerys, la douce jeune vierge sacrifiée aux ambitions de son frère mais qui devient peu à peu une véritable meneuse d'hommes, fière et résolue. Et que dire de Tyrion Lannister, esprit brillant dans un corps difforme, dont les réparties cinglantes et spirituelles m'ont fait hurler de rire, dont l'attitude envers Jon Snow m'a touchée mais dont le machiavélisme m'a secouée ?

 

Titre original : Song of Ice and Fire, book 1 : A Game of thrones
Editions J'ai lu (2011)
786 pages


A noter, HBO a tourné en 2011 une série qui mérite vraiment le détour : le scenario est très fidèle au roman (GRR Martin en est le scénariste), les acteurs sont convaincants, les paysages grandioses...

 

Daenerys  Jon   Cersei   Eddard   Robert

8 septembre 2011

Rebecca, de Daphné du Maurier (1938)

r_becca Résumé

La jeune narratrice (dont d'ailleurs nous ne connaitrons jamais le nom) est dame de compagnie pour Mme Van Hopper, riche américaine en villégiature à Monte-Carlo. Pauvre, dotée d'une très faible estime d'elle-même, la jeune femme est fort surprise lorsqu'elle arrive involontairement à susciter l'intérêt du séduisant et riche, mais changeant, Maximilien de Winter. Des liens d'amitié se nouent entre eux et Maxim demande rapidement la main de la narratrice. Malgré les réserves perfidement émises par Mme Van Hopper quant aux écueils d'un tel mariage, et notamment le récent veuvage de Maxim suite à la noyade de sa première épouse, la jeune femme accepte et les jeunes mariés partent s'établir à Manderley, la propriété de Maxim en bord de mer.

La jeune femme peine à prendre ses marques dans la superbe demeure dont elle ne connaît pas les habitudes : elle n'est pas à l'aise, commet maladresse sur maladresse et, dès les premiers jours, craint de ne pas être à la hauteur de l'éclat de Manderley. De plus, elle se heurte à l'hostilité de Mme Danvers, la gouvernante. Sa maladresse et son malaise vont crescendo lorsqu'elle réalise que la demeure, mais également l'esprit des domestiques et des voisins sont encore marqués par l'empreinte laissée par la belle, talentueuse, brillante et parfaite Rebecca, défunte femme de Maxim. La timide narratrice se sent peu à peu écrasée par l'ombre de la défunte, avec qui elle sait ne pas pouvoir rivaliser, et finit par se persuader que son mari est toujours amoureux d'elle.

Les liens entre les jeunes mariés en viennent à se distendre, au point que la narratrice envisage de quitter Manderley et son époux. Mais un évènement soudain va lui faire changer d'avis.

 Mes impressions

Une agréable lecture, avec une bonne dose de suspens et de parodies. Malgré son résumé très "roman à l'eau de rose", ne vous y trompez pas, ce roman est en fait une parfaite parodie de ce genre littéraire : ici, pas de beau couple qui surmonte tous les obstacles pour finir ses jours dans la paix et la félicité : des obstacles à surmonter, il y en a effectivement un grand nombre, mais la fin est loin d'être heureuse. A travers les difficultés rencontrées, la jeune narratrice timide et gauche laisse finalement place à une jeune femme résolue et forte. Mais à quel prix ? Au prix de son innocence et de sa candeur... Elle grandit et s'affirme mais découvre par là-même la noirceur du monde.

Car le propos de ce roman, derrière la façade du bon goût et de la respectabilité, est vraiment très sombre: les plus bas instincts humains y sont décrits (avec classe et mesure, soit) et l'on découvre que les apparences peuvent parfois être trompeuses. Daphné du Maurier en profite pour dresser une subtile galerie de portraits, de la flamboyante Rebecca à la timide narratrice, en passant par la haineuse mais au fond malheureuse Mme Danvers.

Ce roman comporte également beaucoup de suspens, qui est mis en place dès les premières pages (d'où vient donc l'humeur changeante de Maxim ? Pourquoi s'est-il entiché d'une jeune femme d'un milieu social si différent du sien ?) et qui maintient l'attention du lecteur jusqu'à la dernière page.

"S'il y avait une femme à Londres que Maxim aimât, quelqu'un à qui il écrivît, rendît visite, avec qui il dinât, avec qui il couchât, j'aurais pu lutter. Le terrain serait égal entre elle et moi. Je n'aurais pas peur. La colère, la jalousie sont des choses qu'on peut surmonter. Un jour cette femme vieillirait, ou se lasserait, ou changerait et maxim ne l'aimerait plus. Mais Rebecca ne vieillirait jamais. Rebecca serait toujours la même. Et je ne pouvais pas la combattre. Elle était plus forte que moi."

 

Éditions Le livre de poche
377 pages

Ce roman fait partie du challenge 26 auteurs 26 livres 2011 et du challenge God save the livre.

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Challenge_anglais

 

26 août 2011

La Mecque - Phuket, de Saphia Azzeddine

la_mecque_phuket4ème de couverture

"Qu'il est vertueux d'offrir un voyage à La Mecque à ses parents ! Qu'il est bon de se sacrifier pour sa famille ! Et que la vie est simple quand on sait être docile ! Naviguant entre bêtise théorique et intelligence pratique, Fairouz mène un combat obstiné avec elle-même pour s'affranchir de l'estampille natale, de celles qui nous poursuivent comme un boulet en soirée et qui se révèlent plus nocives qu'une belle-mère mécontente si on ne les maîtrise pas. Fairouz tacle ses réflexes de fille bien pour n'être qu'une fille. Elle va s'attacher, nerveusement mais habilement, à se réapproprier sa vie, entre ce qu'on lui a transmis et ce qui se profile à l'horizon. L'horizon, c'est La Mecque... mais, après tout, pourquoi pas Phuket ?"

Mes impressions

Une lecture qui décape !

Dans un style simple, assez cru et très "parlé", Saphia Azzeddine flingue à tout va. A travers la voix de Fairouz la révoltée, tous en prennent pour leur grade : depuis les petits magouilleurs de banlieue qui gaspillent leur potentiel à ne rien faire et à jouer les victimes, jusqu'aux Ni putes ni soumises, en passant par les "bonnes âmes" garantes de l'ordre moral et de ce qui se fait et ce qui ne se fait pas.

Le propos est incisif, souvent très drôle et plein de justesse !

Au final, un beau portrait de jeune femme révoltée et grande gueule, qui tente de concilier ses racines et sa soif de liberté.

7 août 2011

Laisse moi entrer, de John Ajvide Lindquist (2004)

 41lvCPOTovL4ème de couverture

Oskar a 12 ans et vit avec sa mère dans une banlieue glacée de Stockholm. Solitaire et discret, martyrisé au collège, Oskar n'a d'yeux que pour sa nouvelle voisine. Elle est si différente ! La petite fille ne sort que le soir, ne craint ni le froid ni la neige, et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable. Oskar trouvera en elle un écho à sa propre solitude et ils deviendront vite inséparables. Mais que penser des meurtres et disparitions inexplicables qui se multiplient dans le quartier depuis son arrivée ?

Mes impressions

En dépit de l’ambiance particulièrement glauque qui règne dans ce roman et de quelques longueurs, j’ai apprécié cette histoire surtout grâce à Oskar et Eli.

Dans un premier temps, j’ai été assez perturbée par les aspects plutôt malsains du roman : l’atmosphère est très pesante (la majorité des scènes se passe la nuit ou sous la neige, il fait très froid…), certaines scènes sont particulièrement dures et les personnages sont plutôt des anti-héros auxquels il est impossible de s’identifier : le groupe de copains quadragénaires désœuvrés et alcooliques, les « camarades de classe » d’Oskar, le contexte général sur fond de crise, de petits larcins et de familles éclatées, la pédophilie d’Akkan… Même Oskar, en dépit de sa solitude et des brimades dont il fait l’objet, n’a dans un premier temps pas réussi à m’émouvoir (j’avoue que la scène du couteau et de l’arbre m’a fait froid dans le dos et sa manie de collectionner les coupures de presse sur les tueurs en série m’a donné l’impression qu’il était assez désaxé).

Pourtant, dès sa rencontre avec Eli, la confrontation de leurs deux immenses solitudes m’a touchée, et j’ai développé des sentiments partagés à leur sujet : entre répulsion pour leurs monstruosités respectives et tendresse pour leurs douleurs, voire même envie de les protéger, eux qui ne sont au final que des enfants dont on a ravi l’innocence et qui font tout pour s’en sortir et pour survivre.

Mais surtout, l'un des éléments que j'ai aimé est la manière dont le vampirisme est abordé : c'est sombre, c'est cruel (pas de gentil vampire végétarien)... Le vampire Eli est présenté sous un jour monstrueux, sans concession, sans romantisme, sans que sa condition ne soit enjolivée. Et je trouve cette approche novatrice et originale par rapport aux  multiples romans bit lit actuels.

Merci à Livraddict et aux éditions Milady de m'avoir permis de découvrir ce livre !

 

Editions Milady (mai 2011)
606 pages
Traduction de Carine Bruy


4 août 2011

Les Dames du Lac (tome 1 du cycle d'Avalon), de Marion Zimmer Bradley (1983)

 Le cycle d'Avalon revisite la légende arthurienne.

les_brumes_d_avalon2Tome 1 : Les Dames du Lac

4ème de couverture

"La légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde n'avait, depuis longtemps, inspiré un roman d'une telle envergure, d'un pareil souffle. Et, pour la première fois, ce draine épique nous est conté par une femme à travers le destin de ses principales héroïnes. Bien sûr, Merlin l'Enchanteur, Arthur et son invincible épée Excalibur, Lancelot du Lac et ses vaillants compagnons, tous sont présents mais ce sont ici les femmes, exceptionnellement attachantes, qui tiennent les premiers rôles : Viviane, la Dame du Lac, grande prêtresse d'Avalon, Ygerne, duchesse de Cornouailles et mère d'Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la Fée, soeur et amante du grand roi... [...] Elle relate la lutte sans merci de deux mondes inconciliables, celui des Druides et des anciennes croyances défendant désespérément un paradis perdu et celui de la nouvelle religion chrétienne supplantant peu à peu rites et mystères enracinés au coeur de la Grande Bretagne avant qu'elle ne devienne l'Angleterre."

 

Les dames du lac
Editions Pygmalion (juillet 1997)
430 pages

 

Mes impressions

Ce roman avait tout pour me plaire... mais il ne m'a qu'à moitié convaincue.

Pourtant, les thèmes abordés m'ont beaucoup plu, qu'il s'agisse des manipulations, des intrigues et de la lutte sans merci pour le pouvoir et l'unification de Grande Bretagne, ou des tensions croissantes entre druidisme et christianisme. De même, j'ai trouvé original le parti pris de faire vivre la légende à travers les yeux des femmes, et plus particulièrement de Morgane et Guenièvre. Toutes deux ont des personnalités et des parcours très différents et l'auteur dresse d'elles des portraits si vivants et si emblématiques (de la religion originelle, faite de liberté et de communion avec les forces de la nature pour Morgane ; et du christianisme, bien plus rigide et dominateur pour Guenièvre) que cela a été un plaisir de les accompagner dans cette aventure.

Mais ces éléments qui font les qualités du roman font aussi ses défauts. L'intrigue est vue à travers les femmes ? Oui, mais elle est donc très parcellaire. Quid des nombreuses batailles au cours desquelles les troupes d'Arthur repoussent les envahisseurs saxons ? Elles sont à peine abordées. Par exemple, le siège de Caerleon et la bataille qui s'ensuit sont censés durer pendant des mois. Des mois de combats, de tension ! La description aurait pu être passionnante. Sauf que tout ce que l'on apprend est que Guenièvre fait un caprice, est cloitrée dans ses appartements et devient à moitié folle. Donc légère frustration... C'est notamment à partir de cet épisode que ma première affection pour Guenièvre s'est transformée en antipathie. Son côté monolithique, obtus et limite intolérant m'a agacée.
Enfin, j'avoue que le trio/quatuor amoureux et les tergiversations sans fin m'ont très rapidement lassée. Je les ai trouvé longs et relativement gnangnan.

Au final, mon avis est donc plutôt mitigé, reste à voir si je serai plus convaincue par le tome 2...

Ce roman fait partie du challenge Légende arthurienne.

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16 juillet 2011

Le livre sans nom, de Anonyme (2007)

4ème de couverture

"Santa Mondega, une ville d'Amérique du Sud oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets.
Un serial killer qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom. La seule victime encore vivante du tueur, qui, après cinq ans de coma, se réveille, amnésique. Deux flics très spéciaux, des barons du crime, des moines férus d'arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un massacre dans un monastère isolé, quelques clins d'oeil à Seven et à The Ring, et voilà le thriller le plus rock'n'roll et le plus jubilatoire de l'année ! Diffusé anonymement sur Internet en 2007, cet ouvrage aussi original que réjouissant est vite devenu culte.
II a ensuite été publié en Angleterre puis aux Etats-Unis, où il connaît un succès fulgurant."

 

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Éditions Le livre de poche (juin 2011)
509 pages
Traduction de l'anglais par Diniz Galhos.

 

Mes impressions

Cela faisait plusieurs mois déjà que ce livre m'attirait : la quatrième de couverture, les critiques élogieuses... Alors quand Livr@ddict l'a proposé, dans le cadre d'un partenariat avec Le livre de poche, j'ai postulé sans attendre. Et je n'ai pas regretté un seul instant de l'avoir fait ! Cette lecture a été véritablement jubilatoire.

Le style de l'auteur n'est pas extraordinaire, assez banal même : son style est très familier, mais se laisse lire très facilement et sans déplaisir. Mais ce qui m'a tenue en haleine du début jusqu'à la fin, est sans conteste le suspens du roman notamment grâce aux très nombreux rebondissements de l'intrigue et à la structure narrative : organisée en chapitres très courts qui se terminent quasiment tous par un cliffhanger, elle incite à ne pas poser le livre avant d'être arrivé à la dernière page !

Mais plus que l'intrigue qui est parfois assez "cliché", l'élément que j'ai le plus apprécié est l'ambiance très survoltée, voire complètement déjantée du roman qui m'a  immédiatement fait penser au film Une nuit en enfer de Robert Rodriguez (avec George Clooney, Quentin Tarantino et Harvey Keitel). Le Tapioca Bar présente de nombreuses similitudes avec le "Titty Twister" du film, bar louche, mal famé et qui devient le théâtre d'évenements pour le moins étranges. Et absolument tous les personnages du roman sont aussi hauts en couleur que les protagonistes des films de Tarantino (jeune couple d'amoureux roublards mais attachants, moines ninja un peu simplets, mafiosi clichés à souhait, bombe sexuelle amnésique et dangereuse, tueur en série qui brouille les pistes, policiers trop cleans pour être honnêtes... la palme revenant au tueur à gages sosie d'Elvis Presley). "Il voulait engager le King. Le meilleur tueur à gages de toute la ville. L'homme qu'on appelait Elvis.

L'introduction du surnaturel, à travers les pouvoirs très spéciaux de l'Oeil de la lune, m'a au début un peu désarçonnée mais se marie finalement très bien avec le grand "fourre-tout" qu'est ce roman : à la fois roman policier, d'horreur (certaines scènes sont particulièrement sanguinolentes et lorsque Bourbon Kid se profile à l'horizon, les victimes se comptent par dizaine), à l'eau de rose, fantastique, western... Ce bazar peut surprendre, mais est finalement si entrainant et loufoque qu'il est très difficile d'y résister !

A noter : les multiples références à la culture des années 1990-2000, qu'elle soit pop, musicale, cinématographique ou télévisuelle (Rodeo Rex, plus fort que Buffy ! !)

Bref, un très agréable moment de lecture, qui me donne très envie de me plonger dans les deux tomes suivants (ne serait ce que pour en apprendre plus sur Bourbon Kid, ce tueur mystérieux).

Je remercie très vivement Livr@ddict et Le livre de poche de m'avoir permis de découvrir ce livre.

9 juillet 2011

Les âmes mortes, de Nicolas GOGOL (1842)

Les__mes_mortesRésumé

1820, province russe.

Pavel Ivanovitch Tchitchikov arrive dans un chef lieu de province, accompagné de Sélifane, son cocher, et de Petrouchka son domestique. Il fait la connaissance des notables locaux qui sont immédiatement charmés par son amabilité, son sens des convenances et l'aura de mystère qui l'entoure, et l'introduisent dans la bonne société locale.

L'engouement, voire l'adoration, des habitants pour Tchitchikov ne cesse de croître, jusqu'à ce qu'une étrange rumeur commence à se propager : l'homme passerait son temps libre à arpenter la campagne environnante, tentant de convaincre les hobereaux de lui céder leurs âmes mortes, c'est-à-dire les paysans décédés mais qui figurent encore sur les registres d'état civil et ont donc une existence légale sur le papier, à défaut de dans les faits.

 Les habitants réalisent alors que, derrière le masque de ses bonnes manières, Tchitchikov reste un étranger dont ils ignorent tout et aux motivations troubles.

 

Mes impressions

L'histoire de ce roman est une véritable épopée : inspiré d'une idée lancée par Pouchkine, il a valu à Gogol les foudres de la censure, qui n'a que moyennement apprécié le portrait au vitriol de la société russe du début du 19ème siècle. La version qui parait en 1842 est donc une version expurgée et bien atténuée, mais qui connaît un très grand succès et consacre Gogol comme l'un des plus grand auteur de son temps. Mais Gogol n'est pas entièrement satisfait de son oeuvre et entreprend d'en écrire une suite. Ce qui ne se fait pas sans difficulté : pendant près de 10 ans, Gogol essaie en vain d'accoucher de l'oeuvre dont il rêve. Parallèlement, il sombre dans la dépression et connaît une véritable crise mystique, qui donne à la seconde partie de son roman une tonalité bien différente de la première, bien moins cynique et désabusée. Au final, il meurt sans avoir terminé cette oeuvre, laissant derrière lui une première partie achevée (celle qui a été publiée en 1842 et correspond à la première partie de mon édition) et des fragments de la seconde (qui correspond à la seconde partie de mon édition).

Passés ces éléments de contexte, je vous livre mes impressions. Elles ne concernent que la première partie, la seule qui soit aboutie. Je laisse de côté les fragments qui, objectivement, ne sont pas représentatifs et qui sont d'une tonalité totalement différente de la première partie.

Autant être honnête, c'est avec une immense difficulté que je l'ai lu jusqu'au bout. La difficulté n'avait rien à voir avec le style de Gogol, qui est simple et incisif. Ni avec la complexité de l'intrigue puisque la trame narrative est très simple et redondante. Pour schématiser : Tchitchikov fréquente la bonne société, fait le tour de la petite noblesse des environs, déploie ses talents rhétoriques pour convaincre les hobereaux de lui céder (ou au pire de lui vendre) leurs âmes mortes, fait enregistrer les transactions auprès de l'administration locale. Il n'y a donc pour ainsi dire aucune action et les scènes sont très répétitives. C'est là qu'en ce qui me concerne, le bât blesse : il y avait si peu d'action que je me suis terriblement ennuyée, à chaque page je ne pouvais m'empêcher de regarder combien il en restait pour parvenir à la fin.

Seul, le talent que déploie Gogol pour dresser un portrait au vitriol de tous les protagonistes m'a permis de tenir jusqu'au bout. Personne n'est épargné, que ce soit Tchitchikov, caricature d'arriviste obséquieux, imbu de lui-même, mais d'une intelligence retorse, prêt à toutes les escroqueries pour s'enrichir et gagner la considération des autres. Ou la petite noblesse de province qui est dépeinte sous son plus mauvais jour et en devient emblématique des travers de la Russie (à la fois pingre, apeurée, jouisseuse jusqu'à l'excès, pleine de bons sentiments mais incapable de mener un projet jusqu'à son terme, grossière...). Les  hommes du peuple ne sont pas épargnés : Sélifiane le cocher est présenté comme un ivrogne fini (mais au fond pas mauvais bougre) et Pétrouchka le valet de Tchitchikov est repoussant de saleté et de paresse. Quant aux fonctionnaires, tous sont corrompus et ont comme seul objectif de servir leurs intérêts propres, à défaut de l'intérêt général. La plume de Gogol est acerbe, mordante et souvent très drôle ! Mais le portrait qu'il dresse est si pessimiste, si désespérant (parmi toute la palette de protagoniste, je n'en ai pas trouvé un seul qui soit digne d'admiration ou de sympathie) que, malgré toute la dérision de Gogol, cette lecture m'a miné le moral...

De plus, les apartés de Gogol en direction du lecteur, qui "sortent" complètement du roman et lui permettent d'exposer ses vues sur la censure ou sur le rôle d'un auteur, m'ont quel que peu perturbée. Je les trouve justes et pertinentes mais elles apportent une sorte de cassure à la narration et ralentissent le peu d'action que comporte le roman.

Au final, avis très mitigé. Ce roman est un classique, il a été encensé par la critique, il est dense et profond. Mais sa magie a été sans effet sur moi (je suis quand même relativement satisfaite d'en être venu à bout, vu que cela fait presque 5 ans qu'il m'attendait patiemment sur une étagère).

 

Éditions Gallimard, collection Folio (janvier 2001)
494 pages

 

Ce roman fait partie des challenges Une année en Russie 2011 et 26 livres - 26 auteurs 2011.

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2 juillet 2011

Le poids des secrets tome 2 / Hamaguri, de Aki Shimazaki (2000)

 

Shimazaki___Hamaguri4ème de couverture

« Deux petits enfants de Tokyo, Yukio et Yukiko, scellent un pacte de fidélité en inscrivant leurs noms à l’intérieur d’une palourde (Hamaguri), comme un serment d’amour éternel. Devenus adolescents, ils se retrouvent à Nagasaki sans se reconnaitre ; les sentiments qui les habitent désormais, qui les troubles profondément, leur seraient ils interdits ?

Aux dernières heures de sa vie, la mère de Yukio cherchera à ouvrir les yeux de son fils en lui remettant ce coquillage sorti du tiroir de l’oubli. »

Mes impressions

Après Tsubaki, je me suis plongée dans Hamaguri avec une certaine inquiétude : la petite mélodie douce amère qui se dégage de Tsubaki et la sobriété du style d’Aki Shimazaki, me toucheront ils également dans ce tome 2 ? Et bien oui !

C’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé la plupart des protagonistes de Tsubaki. Le tome 1 m’avait en effet un peu laissée sur ma faim : en le refermant, j’avais regretté d’en savoir si peu sur ce qu’il advient par la suite de la famille Takahashi. Me voilà désormais rassurée sur leur sort (ma plus grosse inquiétude allait vers M. Takahashi, cet homme qui semblait si bon et dont le destin était en suspens depuis son départ vers la Mandchourie).

Ce tome permet en outre de clore la scène finale de Tsubaki et apporte un autre regard sur les évènements qui se sont déroulés dans les années 1940, à Nagasaki. Les événements sont en effet vus à travers le regard de Yukio Takahashi, et non plus de Yukio Horibe. Comme dans Tsubaki, l’histoire du Japon est omniprésente, à travers l’évocation de la colonisation de la Mandchourie et de la guerre, et Shimazaki mêle étroitement destins individuels et histoire d’un pays, tous deux portés par une fatalité qui les dépasse.


Ce roman fait partie du challenge In the mood for Japan.

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Co édition Actes sud - Léméac / Babel (février 2010)
112 pages
Traduction du japonais

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