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Jeux de mots et de mains
3 octobre 2011

Purge, de Sofi Oksanen (2008)

Résumé

Un petit village d'Estonie, 1992,
Le même village, 50 ans plus tôt,

Le  communisme vient de  s'effondrer, l'Estonie redevient un pays libre et indépendant, et la vieille Aliide vit terrée dans sa maison, en butte à l'hostilité de ses voisins. Un matin, elle trouve dans son jardin une jeune femme évanouie. Elle est en guenilles, sale et s'appelle Zara. Elle est russe mais parle l'estonien d'autrefois, elle semble fuir un homme qui la terrorise et cacher un secret. Aliide, d'abord très méfiante, va la recueillir, apprendre à la connaitre et finalement lui apporter son aide.

Leur rencontre va éveiller en Aliide des souvenirs douloureux, qui la ramènent 50 ans en arrière, alors qu'elle n'était une jeune fille ordinaire et amoureuse du beau Hans, avant que la guerre et l'invasion soviétique ne viennent bouleverser sa vie...

 

Purge

Editions Stock (La Cosmopolite)
septembre 2010
398 pages
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

 

Mes impressions

Alors que sort en librairie le dernier opus de la Finlandaise (Les vaches de Staline), je me décide enfin à lire le roman retentissant qu'elle a publié l'an dernier. J'ai juste une rentrée littéraire de retard, mais mieux vaut tard que jamais...

Ma première impression sur ce livre n'a pas été très bonne : les 50 premières pages sont plutôt laborieuses et il ne se passe pour ainsi dire rien (si ce n'est Aliide qui tourne en rond chez elle), le traitement de la première rencontre entre la vieille femme et Zara m'a laissée dubitative et j'ai trouvé le style de l'auteur assez plat, voire déplaisant. Autant dire que je me suis demandé ce qui pouvait expliquer la déferlante de commentaires hyper élogieux que j'avais lus dans la presse.

Mais heureusement, mon intérêt s'est rapidement éveillé quand Sofi Oksanen a plongé dans les souvenirs d'Aliide, entraîné le lecteur  dans le XXème siècle estonien, déchiré entre nazisme, nationalisme et communisme, et décortiqué avec réalisme les pires instincts de l'homme. L'histoire d'Aliide est atroce, tissée d'ambiguités : à la fois pleine de cruautés plus ou moins volontaires et d'amour, de trahison mais également d'abnégation, de noirceur et de pureté, d'une peur grandissante et omniprésente... Mais il est difficile de la haïr car sa vie incarne les dilemnes auxquels ont été confrontés tant de gens ordinaires face aux violences du totalitarisme : comment surmonter les pires violences sans perdre son humanité ? Est il possible de survivre sans collaborer?

Au final, je ne regrette pas d'être allée jusqu'au bout de cette lecture poignante, même si elle fut très éprouvante et m'a mise plusieurs fois très mal à l'aise.

 

"Dans la rue, elle reconnaissait les femmes dont elle flairait qu'il leur était arrivé le même genre de choses. A chaque main tremblante, elle devinait : elle aussi. A chaque sursaut que provoquait le cri d'un soldat russe, ou à chaque tressaillement causé par le bruit des bottes. Celle-là aussi? Toutes celles qui ne pouvaient pas s'empêcher de changer de trottoir dès qu'elles croisaient des miliciens ou des soldats. Toutes celles dont on apercevait, à la taille de leur blouse, qu'elles portaient plusieurs paires de culottes. Toutes celles qui n'étaient pas capables de regarder droit dans les yeux. Avaient-ils dit la même chose à celle-là, lui avaient-ils dit : 'Chaque fois que tu iras au lit avec ton mari, tu te souviendras de moi?"

"Si elle recevait, en se mariant avec Martin, une sorte de sécurité, il y avait une autre chose importante qu’elle obtenait par le mariage. Elle devenait tout à fait comme n’importe quelle femme, ordinaire. Les femmes ordinaires se mariaient et faisaient des enfants. Elle en était devenu une."

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