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Jeux de mots et de mains
13 novembre 2010

La malédiction des colombes, de Louise Erdrich (2010)

La_mal_diction_des_colombes___couverture Résumé :

Tout commence à la fin du 19ème siècle, lorsqu'un groupe de pionniers habités par "la fièvre urbaine" s'enfonce dans les grandes plaines du Dakota du nord. Les 7 hommes, attirés par l'appât du gain et de la terre, accompagnés de deux guides indiens ojibwé, affrontent la dureté des frimas de l'hiver, frôlent la mort et finissent par établir un campement sur le territoire qui deviendra plus tard la ville de Pluto.

Vers 1910, la ville de Pluto s'est agrandie et a prospéré. Désormais les descendants des premiers pionniers cohabitent avec les indiens et les métis. Mais la cohabitation ne se fait pas sans heurts et lorsqu'une famille est retrouvée assassinée dans une ferme isolée, 4 indiens innocents sont lynchés.

En 1966, Evelina Harp, adolescente espiègle qui vit dans la réserve indienne, partage son temps entre l'école, les jeux et les récits extraordinaires de Mooshum, son grand-père indien. Au détour d'une conversation, elle entend parler du lynchage survenu 50 ans plus tôt et découvre avec stupeur que son grand-père faisait partie du groupe des lynchés et en a miraculeusement réchappé, mais également que sa famille n'est pas la seule à avoir été plus ou moins liée au drame.


Mes impressions :

Après un début de lecture un peu laborieux (mon intérêt n'a commencé à être vraiment éveillé qu'après la cinquantième page), j'ai été charmée par le style limpide de Louise Erdrich et par ce grand puzzle polyphonique qui mêle passé et présent, grande histoire des indiens objiwe et petite histoire des nombreux narrateurs.

L'auteur présente en effet un pan de l'histoire des Etats-Unis que je connaissais mal, concernant la destruction de la culture amérindienne des ojibwe. Destruction qui passe, entre autres, par la non reconnaissance de la nation indienne, dont témoigne l'échec de la tentative politique de Louis Riel, la christianisation et la confiscation des terres séculaires des indiens, chassés par "la fièvre urbaine" pour être finalement confinés dans une réserve.

Mais ce roman plein d'humour (notamment à travers le personnage de Mooshum) et d'ironie est également une sorte de roman à suspens. Un puzzle dans lequel chacun des 4 narrateurs apporte sa connaissance parcellaire du passé, des filiations et des évènements qui ont rythmé la vie de Pluto, permettant finalement au lecteur de dénouer les fils emmêlés et le conduisant à l'identité du meurtrier.

 

bad_river_ojibwe_groupshot_4
Groupe d'indiens Ojibwe

1894___Membre_tribu_terre_blanche_Ojibw_
1894 - Membre de la tribu Terre blanche ojibwe

Et il explore par là même "le poids de la culpabilité et le prix de l'innocence" des habitants de Pluto, tous liés par les non-dits, plus ou moins coupables et condamnés à revivre symboliquement le drame fondateur. Car l'étrangeté des relations humaines et l'ironie du sort ont fait que les descendants des lyncheurs et des lynchés ont fini par s'aimer, s'épouser et se déchirer.

Ojibwe_wiigiwaam_and_Dakota_style_tipis__White_Earth_1928
1928 - Tipis de type ojibwe wiigiwaam de la tribu "White Earth" Terre blanche (Dakota)

En conclusion : une très agréable première rencontre avec Louise Erdrich et avec les indiens ojibwe!

 

Editions Albin Michel (août 2010)
496 pages

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Commentaires
N
Je l'ai beaucoup aimé ! S'il t'a plu, tu peux essayer "La Chorale des Maîtres bouchers", de la même auteur !
V
J'ai repéré le titre déjà quand on a reçu les feuillets pour annoncer la rentrée liT.<br /> Ca a l'air vraiment bien
M
commencé hier soir... sous le charme...<br /> bises
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