Dragon rouge, de Thomas Harris (1981)
Résumé
Jack Crawford, directeur du département des sciences du comportement du FBI, fait appel à William Graham pour participer à l'enquête visant à élucider le massacre de deux familles. Graham, ancien profileur du FBI, a autrefois arrêté deux tueurs en série, dont le célèbre Hannibal Lecter. Et cette arrestation ne l'a pas laissé indemne...
Il accepte, non sans réticence, de reprendre du service. Mais le temps est compté : le tueur, surnommé "La machoire" par la presse en raison des morsures et sévices qu'il inflige à ses victimes, frappe lors de chaque pleine lune et le FBI ne dispose que de moins d'un mois pour l'arrêter.
Graham se plonge corps et âme dans l'enquête, rassemble les indices permettant de déterminer le mode opératoire du tueur, tente d'établir les liens entre les victimes pour remonter jusqu'au tueur. Et va jusqu'à reprendre contact avec le docteur Lecter, emprisonné à vie dans un hôpital psychiatrique pour criminels irresponsables, et à lui demander son aide pour dresser le profil psychologique du tueur.
Mais il va découvrir à ses dépends que, même emprisonné, Hannibal Lecter reste un sociopathe manipulateur et que La mâchoire est un un ennemi redoutable...
Editions Albin Michel (2000)
380 pages
Mes impressions
Un bon roman policier, noir et désespéré.
Passé une première déception concernant la petite place accordée au docteur Lecter, qui ne fait qu'une apparition furtive mais fondamentale dans l'intrigue, j'ai apprécié ce roman.
Le style clair, froid, sans fioriture, presque journalistique de Thomas Harris (lui-même ancien journaliste) se marie parfaitement avec les méthodes scientifiques appliquées par William Graham dans son enquête.
Mais c'est surtout la personnalité des 3 protagonistes principaux du roman qui m'a le plus interpelée.
La mâchoire tout d'abord : un tueur pervers, qui n'hésite pas à massacrer des enfants. Mais l'évocation de son enfance glauque et carrément traumatisante (la grand-mère castratrice et la mère démissionnaire sont quand même effarantes) inspire presque de la pitié et fait s'interroger sur les origines du mal.
Concernant le docteur Lecter, l'archétype même du tueur en série, les stigmates physiques et psychologiques qu'il a imprimées sur Graham témoignent de sa perversité et de sa monstruosité. Mais il reste malgré tout mystérieux : on ignore la nature exacte de ses crimes et ses motivations sont inconnues. Son affabilité et son apparente cordialité envers l'enquêteur le rendent encore plus inquiétant et fascinant.
William Graham, enfin : l'enquêteur impliqué qui cache lui aussi un passé douloureux et qui s'interroge lui-même sur les points communs qu'il partage avec les tueurs, similitudes qui lui permettent de les traquer et de les arrêter mais qui menacent à tout moment de le faire lui aussi basculer dans la folie.
Au final, j'ai apprécié ce roman, même si j'avoue que sa vision très pessimiste de l'homme, l'idée selon laquelle les deux tueurs sont hermétiques à toute rédemption et l'immense solitude des 3 protagonistes m'ont donné un léger coup de blues...
Et vous, qu'en avez vous pensé ?
Dragon rouge fait souvent référence à l'une des peintures de la série de quatre aquarelles réalisées par le poète et peintre anglais William Blake entre 1805 et 1810.
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Ce roman fait partie du Serial Killer's Challenge.