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Jeux de mots et de mains
25 septembre 2010

Jane Eyre, de Charlotte Brontë (1847)

coup_de_coeur

Résumé

Jane_Eyre___couvertureJane Eyre, petite orpheline pauvre de 10 ans, mène chez sa tante par alliance, la riche Mme Reed, une vie sans amour. L'enfant subit les "violentes tyrannies" de son cousin, "la hautaine indifférence de ses sœurs" et l'injuste sévérité de sa tante qui n'éprouve qu'aversion pour elle. Mais suite à une punition particulièrement cruelle qui la mène jusqu'à la syncope, Jane se rebelle.

Elle est envoyée à l'institution Lowood, école de charité pour jeunes filles pauvres, et découvre des conditions de vie effroyables, des mœurs d'une austérité extrême mais également l'amitié de la douce et résignée Helen Burns et la bonté de Mlle Temple, la directrice. Une épidémie de typhus éclate et décime un grand nombre d'écolières, révélant ainsi aux yeux du monde l'insalubrité de l'institution et la dureté des conditions de vie. Des changements sont apportés et adoucissent le quotidien des survivantes.

Après 8 ans passés à Lowood d'abord en tant qu'élève puis que professeur, Jane a appris à dompter son caractère fougueux mais commence à s'ennuyer et aspire à découvrir d'autres horizons.

"J'allais à ma fenêtre, je l'ouvris, je portai mon regard au dehors. Il y avait les deux ailes du bâtiment; il y avait le jardin; il y avait l'enceinte de Lowood; il y avait l'horizon montagneux. Sans s'arrêter sur aucun des autres objets, mes yeux se posèrent sur les plus lointain, sur les sommets bleutés. C'étaient eux que j'aspirais à dépasser; tout ce qui était à l'intérieur de leur frontière de roc et de lande me faisait l'effet d'une cour de prison et d'une terre d'exil confinée. Je cherchais du regard la route blanche qui longeait la base d'une montagne et disparaissait dans une gorge entre deux sommets. Comme j'aspirais à la suivre plus avant."

Elle passe donc une petite annonce pour proposer ses services en tant que gouvernante et elle est rapidement engagée à Thornfield.

Elle mène à Thornfield une vie calme et confortable, entourée de l'affection de la petite Adèle Vallens, son élève, et de l'agréable compagnie de Mme Fairfax, l'intendante des lieux. Le calme apparent est vite troublé par l'arrivée de M. Rochester, propriétaire des lieux et tuteur d'Adèle et par certains évènements étranges qui surviennent au manoir : un incendie se déclare pendant la nuit, un visiteur est agressé et une servante, la mystérieuse Grace Poole, éveille la curiosité de Jane. Par ailleurs, une certaine complicité se noue entre la gouvernante et le changeant M. Rochester.

Jane réalise que ses sentiments pour M. Rochester vont au-delà de la simple gratitude et qu'elle est tombée follement amoureuse de son maître. Sa raison et sa conscience lui martellent que, "gouvernante sans relations, sans fortune et sans beauté", elle ne peut et ne doit espérer d'affection en retour. Mais malgré cela "ces traits possédaient pour moi plus que de la beauté : il étaient emprunts d'un intérêt, d'une influence que me subjuguaient complètement, qui me privaient de tout pouvoir sur mes propres sentiments pour les livrer à mon maître. Je n'avais pas voulu l'aimer; le lecteur sait quel rude effort j'avais fournis pour extirper de mon âme les germes d'amour que j'y avais décelés; et voilà qu'à la première vision de lui, ces germes reprenaient vie spontanément, plus jeunes et vigoureux que jamais ! Il me forçait à l'aimer sans même le regarder."

Son bonheur atteint son paroxysme lorsque M Rochester lui déclare son amour et lui demande de l'épouser.

Mais le bonheur violent qui assaille Jane est de courte durée : une terrible révélation est faite le jour de son mariage, la jeune femme décide de suivre sa conscience plutôt que son cœur et de quitter M Rochester. "Je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m'y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur." Le désespoir de celui-ci est immense et il tente avec feu de la convaincre de rester. Mais Jane se montre inflexible.  "Je ne suis pas un oiseau et nul filet ne me retient prisonnière ; je suis un être humain libre, doué d'une volonté indépendante, dont j'use à présent pour vous quitter."

La jeune femme s'enfuit pendant la nuit. Sous une fausse identité, elle erre plusieurs jours loin de Thornfield, affamée, exténuée, avant d'être finalement recueillie et soignée par le pasteur Saint-John Rivers et ses deux sœurs. Elle commence une nouvelle vie, jusqu'à ce que son passé ressurgisse...

Charlotte_bronte_1

 

Mes impressions

Ce roman m'a profondément enthousiasmée.

J'avoue, je me suis sentie proche de Jane (le roman à la première personne et la technique d'interpellation du lecteur y contribuent beaucoup) et surtout j'ai adoré l'histoire d'amour de Jane et d'Edouard Rochester. Leur solitude et leur nature respectives qui les isolent du monde mais les lient l'un à l'autre, la profondeur (voire la violence) de leurs sentiments, la tendresse de Rochester qui a su reconnaitre une femme exceptionnelle là où les autres ne voient qu'une petite gouvernante sans beauté, la passion sensuelle qui les anime (on est loin de l'univers de Jane Austen où les personnages osent à peine se regarder : ici, Rochester touche Jane, l'embrasse passionnément, l'enlace avec fougue...), la déchirure de Jane écartelée entre sa conscience morale et son amour fou...

En lisant simplement le résumé, on pourrait craindre une histoire arlequin, très bien écrite certes, pleine de suspense et de rebondissements, mais arlequin quand même. Et bien, il n'en est rien : le roman ne se limite pas à cette grande histoire d'amour romantique mais aborde avec modernité la question de la quête de soi et de l'accomplissement. La vie de Jane est marquée par les épreuves et les difficultés. Mais on peut dire qu'elle choisit délibérément les difficultés : elle aurait pu passer sa vie entière à Lowood en tant que professeur, mais sa  volonté, sa soif de liberté, son refus de se laisser enfermer dans cette "terre d'exil confinée" la poussent à toujours partir, toujours aller plus avant, à la recherche de quelque chose dont elle ignore encore la nature mais qu'elle sait nécessaire à son accomplissement. Et c'est au travers des épreuves qu'elle traverse que Jane découvre qui elle est, ce qu'elle veut vraiment et parvient finalement à concilier ses aspirations à la liberté, à l'amour et au bonheur.

Mais il traite également de la place de la femme dans la société victorienne rigide du 19ème siècle. Sans aller jusqu'à parler de féminisme, Charlotte Brontë a dépeint une femme très moderne : éprise de liberté, indépendante, guidée par sa seule conscience et non par les autres.
Elle travaille et ne doit ce qu'elle possède qu'à son énergie, à une nuance près.
Volontaire et résolue, elle trouve la force et le courage de s'opposer à la tyrannie de ceux qui veulent choisir sa vie à sa place, qu'il s'agisse de Rochester ou de Saint-John Rivers.
Elle milite à sa façon pour l'égalité sociale, lorsqu'enfant elle se rebelle contre les Reed qui la rabaissent; lorsque, ne voulant pas être l'obligée de Rochester, elle refuse les cadeaux somptueux qu'il lui offre; lorsque finalement elle trouve le bonheur en vivant sur un pied d'égalité (à la fois financière et morale) avec ceux qu'elle aime.

A travers ce portait, Charlotte Brontë n'épargne pas la bonne société conservatrice, qu'il s'agisse de Mme Reed, de M. Brocklehurst, gonflé de suffisance et d'hypocrisie, qui inculque avec violence les principes de modestie, de rigueur et d'austérité aux pensionnaires de Lowood tandis que lui se vautre dans l'opulence la plus absolue,  ou de Mlle Ingram,  si belle et majestueuse mais si prétentieuse, suffisante et cupide.

La religion n'est pas épargnée non plus, à travers le personnage de Saint-John Rivers, particulièrement ambigu : d'une part, l'application rigoriste des principes chrétien associée à sa nature froide et insensible le rend cruel en toute bonne conscience (c'est d'ailleurs un des personnages à qui j'ai le plus eu envie de donner des tartes !), d'autre part on ne peut s'empêcher d'éprouver de la pitié pour cet homme entier et absolu qui sacrifie sa vie pour sa foi.

En conclusion, une très agréable rencontre avec Jane Eyre et Charlotte Brontë.

Plusieurs adaptations cinématographiques ont été tournées :

              jane_eyre___film                                  Poster___Jane_Eyre__1944__01

 

 

Ce roman a été lu en commun avec Gerry, Setsuka, Cacahuète, Cécile, Chocolatée, Aily et fait partie du Matilda's Contest.

Matildacopie1

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Commentaires
S
voila je sui en 3eme je lis se livre et j'ai adorer ce que tu a mis dessu j'espère que d'autre personne vont voir sa car tu et tro forte je t'ademir beaucoup si u veu echenger des discution sur se livre ou bien d'autre voila mon adresse bibech_sacha@hotmail.fr est s'il te plait cintinu a faire des résumer commen sa c tré bien fait voila un peu long mais sa en veau largement la peine !!!!!!!!!!!!!!!! safia bisou
B
Comme toi, j'ai aimé ce roman lumineux, l'intrigue captivante et ses nombreux rebondissements, la réelle qualité des descriptions des caractères et des paysages de la campagne anglaise. Jane Eyre est une histoire d'amour mais aussi une critique de la société anglaise du XIXè s, de ses convenances, de ses classes sociales, de sa religiosité, du confort des riches et des privations des pauvres. Le roman décrit les étapes de l'accomplissement de Jane et sa croissance spirituelle.Je suis absolument séduite par la plume de Charlotte Brontë, légère et précise et qui laisse une grande place aux dialogues.
L
Bonjour !<br /> <br /> Tout comme toi, j'ai été conquise par ce roman. Je l'ai lu en VO dans le cadre de mes cours à l'université il y a quelques temps et je dois dire que j'ai été profondément touchée par ce personnage féminin pour lequel on a de l'empathie. <br /> J'ai rarement autant aimé lire un texte. Rien que d'avoir lu ton article sur le roman me donne envie de me replonger dans cette histoire, comme tu le signales, pas du tout arlequinesque mais bien plus portée sur l'accomplissement de cette femme durant cette époque. <br /> A bientôt
J
@ Aily et Cacahuète : J'ai vu l'adaptation avec Charlotte Gainsbourg il y a très très longtemps, mais elle ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Je ne saurais même pas te dire si elle est fidèle au livre...<br /> <br /> @ Gerry : tout à fait d'accord sur la magie du style !<br /> <br /> @ Nathalie : Merci du compliment ;-) J'avoue, j'y ai passé un certain temps...<br /> <br /> @ Cécile : tu as tout à fait raison concernant les barrières qui tombent. Avec Jane et Rochester, il n'y a plus ni richesse, ni beauté, que l'amouuuuuuur !<br /> <br /> @ Chocolatée : j'essaie d'illustrer un peu les résumés avec quelques citations et effectivement, je note un peu en cours de lecture (mais je ne fait ça que je flache sur une tournure de phrase ou quand je trouve la citation assez forte).
C
Ton résumé est énorme ! :o<br /> Tu prends sur les passages clés au fur et à mesure de ta lecture pour les citations ?<br /> Autrement je retrouve bien les éléments de ma lecture dans ta chronique, même si le livre t'a fait plus forte impression qu'à moi !
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