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Jeux de mots et de mains
27 juin 2010

Marie Stuart, par Stefan Zweig (1935)

Couverture_Marie_Stuart

Lorsqu'il écrit la biographie de la reine Marie Stuart, Stefan Zweig s'attelle à la tâche ardue de restituer non seulement les actes mais également la personnalité et les motivations d'une femme très controversée. En effet, comme l'auteur l'indique dans sa préface, "il n'existe peut-être pas d'autre femme qui ait été peinte sous des traits aussi différents, tantôt comme une criminelle, tantôt comme une martyre, tantôt comme une folle intrigante, ou bien encore comme une sainte."



La vie de la jeune reine (1542 - 1587) est un vrai roman.

Alors qu'elle n'a que quelques mois son père, roi d'Écosse, meurt. Afin de la protéger, sa mère l'envoie à la cour de France, qui est alors l'une des plus grandioses et brillantes du monde. Elle y passe une enfance et une adolescence dorées. Elle épouse avec faste son compagnon d'enfance, François II et devient, à 18 ans, reine de France. Mais le jeune roi, faible et maladif, meurt un an après et la jeune veuve doit céder le trône à sa belle-mère Catherine de Médicis et retourner en Écosse.

maryqosandfrancis                  Marie_Stuart_Portrait

François II et la jeune Marie          Marie Stuart, jeune

Elle y retrouve " un royaume pauvre, une noblesse corrompue, qui accueille avec joie tout prétexte de rébellion et de guerre, une infinité de clans [...] qui ne cherchent qu'un motif pour transformer leur haine en guerre civile, un clergé catholique et un clergé protestant qui luttent avec férocité pour avoir la suprématie, une voisine vigilante et dangereuse, qui saisit habilement toutes les occasions pour faire naître des troubles dans le pays ou les attiser."

Cette voisine n'est autre qu'Elizabeth I, reine d'Angleterre, avec qui Marie entretient durant toute sa vie des relations tendues, rarement ouvertement conflictuelles mais toujours marquées par la haine, l'intrigue et l'hypocrisie (leur correspondance est un modèle de "témoignages d'affection").

Elizabeth_I_jeune          darnley_check
Elizabeth I Tudor, jeune           Lord Henri Darnley

La jeune reine ne peut rester sans mari et le "grand marché matrimonial politique" commence. Contre toute attente, Marie tombe amoureuse du gracieux lord Henri Darnley et l'épouse en 1565, au grand damn de son entourage et plus particulièrement d'Élisabeth. Mais elle est très rapidement déçue par le jeune homme qui se révèle borné, prétentieux et lâche. Elle tente de l'écarter du pouvoir. Il supporte très mal son éviction et, moins d'un an après leur mariage, se trouve mêlé à une conjuration indirectement dirigée contre la reine. Le complot se termine dans un bain de sang mais, grâce au soutien de sa garde fidèle menée par le comte de Bothwell, Marie est sauve. Elle négocie avec les conjurés afin de garantir la sécurité de son fils nouveau-né et un semblant d'unité dans le pays, et reprend rapidement les rênes du pays. Bothwell prend une part de plus en plus grande dans la gestion des affaires de l'État.

bothwell
Lord Bothwell

C'est un homme très différent de Darnley : viril, intelligent, énergique, autoritaire, et d'une grande fidélité à la famille Stuart. Marie devient sa maîtresse mais est rapidement tourmentée par les affres d'une passion qu'elle sait criminelle et sans issue. Darnley est assassiné, ce qui soulève une réprobation unanime de la part des souverains européens. La réprobation gagne les Écossais. On désigne à mots couverts Bothwell comme instigateur du meurtre et la reine comme complice. La réprobation se transforme en hostilité marquée lorsque Bothwell fait régner une terreur grandissante et, par un mariage avec la reine, à peine trois mois après avoir commandité un régicide, accède au trône d'Écosse. La colère gronde, les lords se rebellent, Bothwell doit fuir et Marie est mise en quasi captivité. Sous la contrainte, elle abdique au profit de son fils, âgé seulement d'un an et finalement n'a d'autre solution que de "trouver refuge" auprès d'Élisabeth, sa meilleure ennemie de toujours. Elle passe le reste de son existence captive en Angleterre.

Ce que j'ai aimé :
Zweig n'a pas son pareil pour dépeindre la psychologie d'une femme. Plus qu'une biographie, "Marie Stuart" est l'analyse psychologique de la reine d'Écosse. Plus que les évènements qui ont marqué sa vie, ce sont ses motivations qui occupent la plus grande partie du livre, et notamment comment une femme fière, romantique, forte et résolue se transforme en ombre d'elle même, totalement asservie à sa passion, et sombre dans la déchéance.

Mais Zweig ne présente pas que Marie Stuart. A travers ses relations avec Élisabeth I, il donne également un éclairage particulier sur le caractère de la reine d'Angleterre.

Ce que j'ai moins aimé :
J'avoue, j'ai moins apprécié la deuxième partie du livre. Autant j'ai dévoré la première moitié, jusqu'à la fuite vers l'Angleterre, autant la suite m'a laissée un sentiment un peu plus mitigé. Peut être est ce justement qu'à partir de ce moment là, la passion retombe et que la vie de Marie devient bien morne, comme le rappelle Zweig dans la préface :"Jusqu'à 23 ans son âme respire le calme et la quiétude ; après sa 25ème année elle ne vibrera plus une seule fois intensément ; mais entre ces deux périodes un ouragan la soulève et d'une destinée ordinaire naît soudain une tragédie aux dimensions antiques."

Et vous, qu'en avez vous pensé ?

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge Ich liebe Zweig organisé par Karine et Caroline.

challenge_ich_liebe_zweig

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Commentaires
D
j'ai lu trsè récemment ce livre : j'adore Zweig et c'est vrai que la fin de vie de Marie Stuart est triste et Zweig l'a relaté avec doigté
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